L’intervention de Charles-Henri Gallois (UPR) sur Sputnik le 5 février dernier concernant la position française sur les questions d’optimisation-évasion fiscale appelle une réponse en forme de mise au point. Le spécialiste des questions économiques de l’UPR s’appesantit très lourdement sur les contraintes des traités européens qui s’imposent effectivement à tous les États membres. Cette méthode ne permet pas de comprendre les véritables raisons d’ordre international et géopolitique interdisant à la grande majorité des États du monde la possibilité de lutter de manière effective contre l’optimisation-évasion fiscale qui fait perdre aux États une partie substantielle de leurs ressources budgétaires.
L’optimisation fiscale est consciencieusement organisée par les « grands argentiers » issus du monde occidental depuis le début du XXe siècle. Ce sont les propriétaires des grandes entreprises américaines qui, au début du XXe siècle, et à la faveur de l’organisation des USA en fédération, avaient pris l’habitude de localiser les bénéfices de leurs lucratives activités dans les États qui étaient fiscalement les moins exigeants. La collectivité s’était alors organisée pour lutter contre ces pratiques prédatrices, faisant naître les « prix de transfert ».
Rappelons, incidemment, que les grands établissements financiers Rothschild et Co. ont favorisé l’émergence de ces majors en finançant sans limite leurs activités, permettant l’avènement d’un nombre réduit de grandes entreprises détenues par un nombre restreint d’individus, tels les Rockefeller. Ces grands capitalistes ont réussi à prendre le contrôle monétaire (Fed, 1913) puis politique des États-Unis d’Amérique.
À la faveur du fait que les vainqueurs financiers de la Seconde Guerre mondiale ont été les USA, les grands capitalistes qui détenaient concrètement cet État ont alors entrepris de généraliser au niveau mondial les recettes prédatrices – liberté de circulation des capitaux – qui leur avaient si bien réussi en interne. C’est ainsi que sont nés les accords du GATT et l’OECE – transformée en 1961 en OCDE – avant l’arrivée de l’OMC qui impose le libre-échange à tous ses signataires. Étant donné le poids des USA et de leurs alliés-assujettis, les États récalcitrants à entrer dans la nasse contractuelle multilatérale créée par l’OMC et l’OCDE se trouvent de facto mis au ban de l’évolution organisée du commerce international.
Les institutions européennes ne sont qu’une manifestation de ce rapport de force géopolitique. L’Union européenne, loin d’être la cause du problème dénoncé par l’UPR, n’en est qu’une émanation. Les institutions européennes sont, en réalité, le bras armé politique, local des intérêts oligarchiques supérieurs. Les « grands argentiers » à la manœuvre, issus du continent européen, sont, forts de leur expérience américaine, retournés dans leur fief d’origine pour supprimer les acquis politiques des peuples qui avaient mis plusieurs centaines d’années à s’instaurer (habeas corpus, autodétermination des peuples, etc.).
La seule sortie de la France des institutions européennes (et de l’OTAN), pour souhaitable qu’elle soit, n’aura aucun impact réel au regard de l’emprise de cette mafia financière oligarchique dans l’organisation interne des différents États (banques centrales, partis politiques).
Valérie Bugault