BRI ; FMI, banques centrales, paradis fiscaux… Le XXIème siècle a vu l’émergence de multiples entités supranationales : pourquoi ?
Suite à mon précédent article ainsi qu’à la parution d’un article plus que douteux de PunchNews laissant entendre que le Président Trump reprend « à la famille Rothschild » le contrôle de la Réserve fédérale, quelques éclaircissements s’avèrent indispensables.
Tout d’abord, la Réserve fédérale est née – en 1912 – des menées des banquiers globalistes, dont le noyau dur se trouvait à Londres ; menées auxquels les intérêts Rothschild, notamment via le banquier Warburg, n’étaient pas étrangers.
Je recommande, à cet égard, la lecture de mon article intitulé « La présence d’une banque centrale est-elle compatible avec la souveraineté étatique ? » (cf. Les raisons cachées du désordre mondial, éditions Sigest, mars 2019, pages 179 à 194).
Il faut bien comprendre que, depuis le XVIIIème siècle (au bas mot), les principaux banquiers sont étroitement interconnectés entre eux et ont des intérêts communs et liés. Les activités de ces banquiers sont structurellement internationales, leurs intérêts pouvant être qualifiés d’apatrides, ou plus exactement de supranationaux, en ce sens qu’ils n’ont aucun rapport avec un quelconque « intérêt national » au sens culturel et géographique du terme « national ».
Des intérêts désormais dissociés
Il faut également comprendre que, dès le départ, la banque centrale américaine est le fruit d’une collaboration active entre deux catégories d’intérêts, aujourd’hui dissociés :
- D’une part les intérêts des banquiers qui voulaient, en fonction de la « destinée manifeste des USA », voir émerger un empire américain global ;
- et d’autre part les intérêts des banquiers plus centrés sur la City londonienne, lesquels se moquent totalement des empires de type nationaux. Ils se servent au contraire historiquement de ce concept d’empires – en favorisant à la fois leur émergence puis leur disparition – afin d’aboutir, à terme, à un gouvernement mondial sous leur seul contrôle.
Notons que l’élément messianique est présent dans les deux cas de figure mais pas aux mêmes fins. D’un côté, il s’agit de donner le contrôle du monde à l’empire américain ; de l’autre, il s’agit de donner le contrôle du monde aux financiers internationaux essentiellement apatrides – étant entendu que ces banquiers ont quand même besoin de localiser géographiquement leur futur centre de décision mondial.
Or face à la question de la domination de la monnaie mondiale – lire à cet égard mon article « Pourquoi et comment le dollar va laisser la place aux DTS comme monnaie mondiale » (cf. Les raisons cachées du désordre mondial, éditions Sigest, mars 2019, pages 195 à 201) – les intérêts qui avaient collaboré lors de la création de la Réserve fédérale américaine sont devenus des intérêts antagonistes, d’où il ressort que les anciens amis sont devenus des ennemis mortels.
La Federal Reserve, sous sa double casquette de banque centrale américaine et internationale (depuis Bretton Woods), est aujourd’hui devenue un composite d’éléments antagonistes.
Certains intérêts veulent conserver le dollar comme monnaie mondiale – ces intérêts ont déjà perdu la guerre pour le contrôle de la monnaie mondiale. D’autres veulent au contraire que le dollar perde sa fonction de monnaie mondiale ; ce sont ces intérêts-là qui ont d’ores et déjà gagné la bataille.
Il ressort de ces éléments que la Fed est sur le point d’évoluer pour perdre sa casquette de banque centrale mondiale, qui va échoir à la Banque des règlements internationaux et, de façon résiduelle, au FMI, pour endosser la casquette unique de banque centrale nationale.
Un « contrôle » ambigu
L’article qui prétend que le président Trump reprend le contrôle de la Fed aux intérêts Rothschild induit en erreur le lecteur sur deux éléments essentiels.
D’une part, cet article feint, ou laisse croire à tort, que la Fed était contrôlée par les Rothschild, ce qui est faux ; en effet, les intérêts Rothschild, en tant que probable « leader » des intérêts bancaires globalistes, étaient, on l’a vu, présents dès l’origine – mais pas exclusifs – dans la composition de la banque centrale américaine.
D’autre part, il est question, dans le corps de l’article incriminé, d’une seule chose : le fait que le président Trump reprend le contrôle de la nomination des membres de la Réserve fédérale.
Considérons les conditions dans lesquelles Donald Trump a été élu – notamment grâce à Cambridge Analytica, largement financé par Robert Mercer dont, rappelons-le, les intérêts sont localisés à la City. Étant donné cela, la reprise en main des nominations au sein de la Fed doit se comprendre de la façon suivante : le président Trump est en charge de transformer la Réserve fédérale en une simple banque centrale nationale.
Il s’agit d’exclure de la composition de la Fed tous les éléments favorables au maintien du dollar en tant que monnaie mondiale et de s’assurer que les nouvelles nominations seront exclusivement favorables au dollar en tant que monnaie nationale.
Cette explication, purement factuelle, ne rentre en aucune façon dans le débat de savoir si Trump est mû par le seul bien-être des Américains, c’est-à-dire s’il agit dans le seul intérêt national bien compris, ou s’il agit sur ordre des banquiers globalistes.
Car de façon purement conjoncturelle, l’intérêt des banquiers globalistes correspond à l’intérêt américain bien compris.
La transformation du dollar en simple monnaie locale va en effet dans le sens des visées de long terme des banquiers globalistes, qui veulent instituer une monnaie mondiale sous leur contrôle exclusif. Cependant, elle va aussi dans le sens de l’intérêt de l’économie américaine, qui pourra à nouveau faire prévaloir les exportations sur les importations, relocalisant au passage son industrie au sens large (c’est-à-dire y compris la haute technologie).
Les choses doivent être claires pour tout le monde : la conjoncture qui aligne les intérêts nationalistes américains sur les intérêts globalistes est purement temporaire.
A terme, les banquiers globalistes qui gagneront le contrôle exclusif sur la monnaie mondiale se moqueront comme d’une guigne des intérêts nationalistes et patriotiques – fussent-ils américains –, qu’ils combattront au contraire avec la plus extrême sévérité.
Il suffit pour s’en convaincre d’observer avec quelle hargne les intérêts globalistes menacent les entités nationales et les intérêts patriotiques à travers le monde : favorisant la disparition des nations au moyen de guerres militaires et paramilitaires, économiques et, surtout, juridiques.
Le XXème siècle a connu l’émergence d’un nombre considérable de fausses entités politiques et assimilées (la BRI, d’innombrables paradis fiscaux prétendument politiquement indépendants, des entités supranationales telles que l’Union européenne…). Nous assistons, en ce début de XXIème siècle, toujours par des moyens militaires, paramilitaires, économiques et juridiques, à la disparition programmée de toutes les entités nationales unies par un fort sentiment d’appartenance civilisationnelle.
Valérie Bugault est Docteur en droit, ancienne avocate fiscaliste, analyste de géopolitique juridique et économique.
Relu par San pour le Saker FR.